"190 ans de passion littéraire"

 

Le papillon omnivore
EAN13
9782364852259
Éditeur
Symétrie
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le papillon omnivore

Symétrie

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Amour, star internationale du lyrique, rencontre son ange gardien lors d’une
expérience de mort imminente. Son guide astral le renvoie à la vie, investi
d’une mission d’ordre divin : « Révéler au monde que la mort n’existe pas ».

Le messager est alors entraîné comme un papillon dans le vent vers des
aventures qui le mèneront du Maroc au fin fond de la forêt brésilienne. Cerné
de personnages hauts en couleurs, Lange semble avoir la raison qui dérape et
la mémoire qui flanche. Une question se pose : Amour vit-il son périple dans
le coma, cloué sur un lit d’hôpital ou, par-delà sa folie, parviendra-t-il à
révéler son incroyable vérité ?

Après L’épopée Despieds, Patrick Alliotte prolonge, dans Le papillon omnivore,
la narration des aventures de Monsieur Lange. Comprimario du premier opus,
Amour devient ici le personnage principal d’une fresque lyrique peinte à
l’encre caustique.

L’auteur parvient comme à son habitude à traiter avec légèreté les sujets
graves et à rire gravement des sujets légers. Au final, il nous emporte, c’est
tout ce qui lui importe.

## Le début

### Chapitre 1
Première partie : Chroniques marocaines
Chronique 1 : Résurrection

Ce fut une mort inoubliable.

Trois semaines qu’il était cloîtré dans cette chambre d’hôpital. Il
n’attendait plus rien de cette vie et avait cessé de ciller des élytres à la
manière d’un carabe.

Un brancardier le secoue. Il puise dans ses dernières forces, glisse sur le
fauteuil roulant et se laisse charrier à travers l’interminable corridor de
l’hôpital. Derrière la vitrine, des potences chargées d’albumine sont
dressées. Il voudrait s’enfuir d’un battement d’ailes mais sa mécanique est
déréglée comme une vieille boîte à musique.

Étendu sur son lit de torture, le souffle du climatiseur, juste au-dessus, le
fouette d’une froidure sépulcrale. Il n’a plus la force de grelotter et sent à
peine les pointes d’aiguilles glisser dans sa carcasse. Il migre vers le vaste
inconnu sans plus que la volonté d’un ultime bruissement.

Le froid disparaît. Quel calme soudain ! Jamais il n’a atteint telle sérénité.
À l’envers du monde, il flotte, adossé au plafond, comme un papillon
spectateur de sa dépouille. Les alarmes couinent, médecins et infirmières
s’agitent. Il contemple le spectacle : il est devenu mort.

La chambre se contracte, s’évapore, son âme est comme siphonnée.

Maintenant, son cœur pulse d’amour dans un boyau de lumière. L’instant n’a
plus d’épaisseur, plus de saison, plus de climat, plus d’empire. Le temps
n’est plus ni gain ni perte. Son corps s’est délayé.

Un être suprême se manifeste. Un ange sans aile, ni auréole. Un petit bossu
encapuchonné au sourire de citrouille. Sa silhouette difforme rayonne à
travers les halos de l’atmosphère opalescente. Pas de Jésus, pas de Marie,
aucune figure tutélaire. Les bruits ondoient en échos et l’ange des trolls
déverse sa parole sirop couleur d’eau :

« Ce n’est pas encore le moment. Tu n’es pas prêt pour ta vie d’ange... ».

Ça sent la muscade roussie, la vanille confite, la sciure de mélèze.

Il aimerait attraper un des petits moignons du nain bossu et se laisser
emporter dans la lumière.

Sa pensée devient spirale. À nouveau, il est siphonné par derrière, l’ange
rétrécit, ventousé par le tunnel. Sa voix décroît :

« Chaque vie à sa limite et tu n’es pas au bord d’elle... ».

Juste un « ploc ! » : une bouteille qu’on débouche. La salle de réanimation
rematérialisée, une douleur aiguë, il revient en lui-même.

La rencontre s’est faite avec son bienfaiteur astral. Le gardien de son âme
lui a offert un choix. Il a opté pour la vie. Dorénavant, il ne sera plus
jamais seul. À ses côtés, pour toujours, se tiendra ce contremaître de l’usine
divine, son frère astral, sa copie de lumière.

Dans le fracas glacé du chaos, il se dresse sur son lit de résurrection,
grimace et papillonne des cils.

Embrasé par ce nom revenu d’entre les morts, les yeux exorbités, il hurle
alors de sa voix puissante de baryton : « Menadel ! », comme on appellerait un
gardien de l’au-delà.
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