"190 ans de passion littéraire"

 

Le Juif errant, Tome II
EAN13
9782384421183
Éditeur
La Gibecière à Mots
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le Juif errant

Tome II

La Gibecière à Mots

Livre numérique

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Eugène Sue (1804-1857)

"La rue Clovis est, on le sait, un des endroits les plus solitaires du
quartier de la montagne Sainte-Geneviève ; à l’époque de ce récit, la maison
portant le numéro 4 dans cette rue se composait d’un corps de logis principal,
traversé par une allée obscure qui conduisait à une petite cour sombre, au
fond de laquelle s’élevait un second bâtiment singulièrement misérable et
dégradé. Le rez-de-chaussée de la façade formait une boutique demi-
souterraine, où l’on vendait du charbon, du bois en falourdes, quelques
légumes et du lait.

Neuf heures du matin sonnaient ; la marchande, nommée la mère Arsène, vieille
femme d’une figure douce et maladive, portant une robe de futaine brune et un
fichu de rouennerie rouge sur la tête, était montée sur la dernière marche de
l’escalier qui conduisait à son antre et finissait son étalage, c’est-à-dire
que d’un côté de sa porte elle plaçait un seau à lait en fer-blanc, et de
l’autre quelques bottes de légumes flétris accostés de têtes de choux
jaunâtres ; au bas de l’escalier, dans la pénombre de cette cave, on voyait
luire des reflets de la braise ardente d’un petit fourneau.

Cette boutique, située tout auprès de l’allée, servait de loge de portier, et
la fruitière servait de portière.

Bientôt une gentille petite créature, sortant de la maison, entra, légère et
frétillante, chez la mère Arsène. Cette jeune fille était Rose-Pompon, l’amie
intime de la reine Bacchanal ; Rose-Pompon, momentanément veuve, et dont le
bachique, mais respectueux sigisbée, était, on le sait, Nini-Moulin, ce
chicard orthodoxe qui, le cas échéant, se transfigurait après boire en Jacques
Dumoulin, l’écrivain religieux, passait ainsi allègrement de la danse
échevelée à la polémique ultramontaine, de la Tulipe orageuse à un pamphlet
catholique. Rose-Pompon venait de quitter son lit, ainsi qu’il apparaissait au
négligé de sa toilette matinale et bizarre ; sans doute à défaut d’autre
coiffure elle portait crânement sur ses charmants cheveux blonds, bien lissés
et peignés, un bonnet de police emprunté à son costume de coquet débardeur ;
rien n’était plus espiègle que cette mine de dix-sept ans, rose, fraîche,
potelée, brillamment animée par deux yeux bleus, gais et pétillants. Rose-
Pompon s’enveloppait si étroitement le cou jusqu’aux pieds dans son manteau
écossais à carreaux rouges et verts un peu fané, que l’on devinait une
pudibonde préoccupation ; ses pieds nus, si blancs que l’on ne savait si elle
avait ou non des bas, étaient chaussés de petits souliers de maroquin rouge à
boucle argentée... Il était facile de s’apercevoir que son manteau cachait un
objet qu’elle tenait à la main."

Tome II
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