Les dédales de l'emprise

L'objet de ce livre est de différencier travail d’emprise, travail de création
et relation d’emprise. J’évoque le destin de ce concept à travers les
thématiques du cramponnement et de l’attachement en m’appuyant sur la
dynamique des interactions entre le bébé et son environnement. Je distingue
l'emprise de vie et l'emprise pathologique, parfois à visée meurtrière, qui
résulte de l’échec du travail d’emprise nécessaire au développement psychique.
J’esquisse un portrait robot du tyran et je décris le rôle de la relation
d'emprise dans les situations d’inceste. Toute création relève d’un travail
d’emprise. La création littéraire implique une intrigue originaire déplacée
dans l'élaboration de l’œuvre et partagée par l’écriture. L’œuvre rend
sensible pour le lecteur une part de son monde interne, en écho de l’intrigue
originaire mise en œuvre par l’auteur. La création littéraire est une
entreprise vitale chez certains auteurs dont le style véhicule en contrebande
l'écho des réponses de l’environnement précoce. Ce qu’il a vécu passivement,
l’auteur le fait vivre activement au lecteur. La mise en œuvre de ce
retournement est repérable par le style défini comme le « même autre » de
l’auteur. J’illustre cette problématique à partir de cinq exemples :
Maupassant, Céline, Cendrars, P. K. Dick et Nelly Arcan. Au delà de leurs
particularités, on rencontre chaque fois l'écho d'un travail d’emprise que
chacun fait entendre dans son style propre.