"190 ans de passion littéraire"

 

  • Conseillé par
    28 mai 2013

    Un roman policier historique enlevé !

    En 1868, à Munich, le célèbre compositeur et chef d’orchestre Richard Wagner monte le dernier de ses opéras, « Les Maîtres chanteurs de Nuremberg ». Mais alors que les répétitions battent leur plein, il reçoit une mystérieuse lettre anonyme, lui annonçant que le 21 juin, date de la première, « sera le jour de [sa] ruine ».
    L’inspecteur Herman Preiss est chargé de l’affaire. Celle-ci prend rapidement très mauvaise tournure, puisque une série de meurtres est commise dans l’entourage de Wagner…

    Voilà un polar historique plaisant (certes il y a des meurtres, mais jamais rien de gore), dont le rythme enlevé tient sans doute à l’importance donnée aux dialogues. Ils sont rapportés par le narrateur, l’inspecteur Preiss, lequel nous fait aussi part de ses réflexions au fur et à mesure de l’avancée des événements et de l’enquête concomitante. L’évocation des lieux et du contexte représente seulement une toile de fond, tracée à grands traits. Il n’empêche qu’on approche le tempétueux Wagner et le découvrir menant ses musiciens et les interprètes de son opéra à la baguette (pas pu résister !), vaut le détour : j’avais entendu parler de son caractère volcanique, mais là, on se rend compte de ce que son comportement exigeant pouvait avoir d’odieusement tyrannique et si on y ajoute son antisémitisme notoire, on comprend que l’homme n’attirait pas forcément la sympathie. Le microcosme familial et artistique environnant le compositeur est efficacement restitué et le lecteur apprécie de s’y trouver plongé, autant que le mélomane inspecteur Preiss, dont c’est la deuxième enquête dans le milieu musicien de l’époque (je n’ai pas lu la première mais elle est indépendante de celle-ci et les rappels sont suffisants pour qu’on n’ait pas d’impression d’avoir raté un épisode).
    Preiss lui-même fait preuve dans sa narration d’un certain humour pince sans rire, fort à mon goût. Il n’hésite pas non plus (démarche qui ne m’a paru guère professionnelle mais ça passe, il ne faut pas se la jouer trop puriste sur cette enquête) à demander à la belle violoncelliste Helena Becker de l’aider dans ses investigations. Sa relation avec la dame en question, piquante, n’est d’ailleurs pas un des moindres attraits du récit.
    Un bon moment !