"190 ans de passion littéraire"

 

Le garçon

Marcus Malte

Zulma

  • Conseillé par
    20 novembre 2016

    C'est ainsi que les hommes vivent

    Marcus Malte nous livre un roman ambitieux sans afféterie ni lourdeur, le roman d’une vie qui entre incognito dans le 20e siècle, fait l’apprentissage de son humanité avec ce qu’elle a de meilleur et de pire, en s’inscrivant dans l’Histoire et dans une traversée des espaces.

    Le garçon n’a pas de nom, il est muet et vit avec sa mère au fin fond d’une forêt dans le sud de la France. C’est presque un enfant sauvage, ignorant du monde et de ses semblables, n’ayant eu de contact qu’avec sa mère qui meurt dès les premières pages. A 14 ans, le garçon se met en marche et ne s’arrêtera plus. Il atterrit d’abord dans un hameau, où on l’exploite avant de le chasser, puis il rencontre Brabek, un lutteur au grand cœur qui trimballe sa roulotte de village en village pour des démonstrations de force.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u


  • Conseillé par
    8 novembre 2016

    1914-1918, amour

    L’auteur aura lui aussi écrit son grand roman sur la guerre de 14…

    Le style est sec, plein d’accumulations, au point que je me suis demandée si l’auteur n’avait pas tenté d’écrire le monde dans son roman. (Autant vous dire que j’ai passé ces accumulations en avance rapide).

    Les pages d’amour entre Emma et Le garçon sont magnifiques.

    Ce dernier passe de la nature à l’agriculture puis à l’âge du fer sans jamais émettre une pensée, une idée. C’est ce qui m’a manqué dans ce roman : le point de vue du personnage principal. Il passe dans la vie comme dans le roman. Jamais il ne devient homme, malgré les nouveaux habits et son corps qui grandit.

    Cela reste toutefois un roman plein de musique et de références littéraires.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la machette du garçon, prise sur un tirailleur africain. Arme qu’il fait sienne pour égorger l’ennemi.

    alexmotamots.fr


  • Conseillé par
    30 août 2016

    Un roman bouleversant

    Gros roman (535 pages) de cette rentrée littéraire qui ne devrait pas passer inaperçu, du moins je l’espère sincèrement. Parce que c’est Zulma. Parce que c’est Marcus Malte. Parce que ce roman est formidable. Il possède un souffle et une force rares. Il est écrit en phrases courtes, rapides, mais ne néglige pas pour autant les temps d’arrêt sur les descriptions des lieux, des personnages, des rapports entre eux. Il est tour à tour et parfois tout en même temps, roman naturaliste, puis roman initiatique, puis roman d’amour (très) érotisant, puis roman de guerre et même épistolaire mais dans un seul sens puisque le garçon est illettré. Certains pourraient croire en me lisant à une certaine confusion, mais que nenni, Marcus Malte maîtrise de bout en bout et se livre à un exercice brillant.

    La meilleure preuve, c’est que l’on ne voit pas vraiment passer les pages et que l’on aurait même envie que cette histoire se prolonge pour passer plus de temps avec le garçon devenu homme.

    Beaucoup de références littéraires (Hugo en tête, mais aussi Verlaine, …), musicales (Mendelssohn et ses romances, Liszt, Chopin …), c’est parfois très lyrique, Marcus Malte se laissant aller à des envolées toujours arrêtées par la réalité même si celle-ci peut parfois se trouver emportée par ce lyrisme : "Mais sa beauté méritait-elle vraiment ces lauriers qu’il lui tressait ? Son haleine était-elle, ainsi qu’il le lui susurrait, aussi exquise que la plus exquise des brises du printemps ? L’éclat doré de ses iris aurait-il fait pâlir jusqu’aux rayons de l’astre solaire ? En réalité… En réalité, pourquoi pas ? N’est-ce pas le propre de l’amour que d’éblouir et d’émerveiller ? De rendre divin ce qui ne serait qu’humain ?" (p.207)

    Marcus Malte crée un enfant tout neuf, une âme pure et vierge qui s’éveille à la vie des hommes pour le meilleur (la musique, la littérature, l’amitié, l’amour, …) et pour le pire (la guerre). Les pages sur l’amour sont troublantes, très belles, fortes en émotion et je vous le disais un peu plus haut, parfois torrides. Elles sont intimement liées à celles de la découverte des arts et de l’ouverture à ce que la vie offre de plus beau. Marcus Malte aurait pu s’arrêter là et l’on aurait eu un très beau roman d’amour. Mais le destin de son personnage est le plus fort et arrive le roman de la guerre, terrible, violent. Les mots s’enchaînent rapidement, les pages également. Elles laissent un peu groggy et essoufflé. Elles débutent par un chapitre court -une longue phrase de quatre pages et trois phrases très courtes- et assez drôle sur la forme moins sur le fond qui m’ont immédiatement fait penser au poème de Jacques Prévert Les belles familles. Ce n’est pas le seul passage plus léger du roman, mais c’est l’ultime.

    Un roman bouleversant qui ne peut pas laisser indifférent. Je ne crois pas que l'on lira des critiques ou articles à lui consacrés qui seront mièvres ou tièdes. Des personnages inoubliables : un garçon innocent qui découvre l’épreuve du monde et une amoureuse passionnée prête à –presque- tout pour sauver son amour. Je n'hésite pas, je le classe en coup de cœur.