Revue Travail, genre et sociétés numéro 23 Traditions et ruptures chinoises

Quand on pense au statut des femmes, en Chine, on a coutume de scinder la période historique qui court de 1949 à 2009 en deux. Il y aurait, dans l'histoire de la République populaire de Chine, l'avant 1980, âge d'or de l'égalité entre les hommes et les femmes, et la période d'inégalités consécutives aux réformes économiques initiées par Deng Xiaoping.
Dans ce contexte, il importe de se demander en quoi la modernisation chinoise accélérée a aggravé les inégalités : non seulement entre les hommes et les femmes, mais entre villes et campagnes, entre générations, - quand certain-e-s retraité-e-s se retrouvent en situation de très grande pauvreté -, entre provinces - avec des vagues de migrants chassés par la misère et affluant vers les mégapoles. Le genre sert utilement de prisme d'analyse transversale pour appréhender les inégalités en général et, en particulier, la segmentation du marché du travail dans la Chine contemporaine et la place des femmes dans la société. En effet, avec la libéralisation économique et l'évolution des normes de gouvernance politique, sur un mode très pragmatique, " à la chinoise ", les femmes semblent les grandes oubliées de la modernisation, même si toutes ne sont pas affectées de la même manière par les réformes.