Le grand miracle

Peppe Russo. C’est comme ça que l’on m’appelle. Je suis né à Tunis, le lundi 1er juin 1931, à 4 heures du matin, d’une famille sicilienne de Castellammare del Golfo, dans la province de Trapani, lieu de naissance de mon père et ma mère. Mon père était le fils d’Émilia Galante et de Pasquale Russo. Mon grand-père paternel était parti en Amérique en 1908 en laissant quatre enfants sans jamais plus donner de nouvelles. Ma grand-mère paternelle a donc dû travailler jour et nuit pour élever sa progéniture, et mon père s’est d’un coup retrouvé chef de famille. À 16 ans, il s’est embarqué avec le capitaine de corvette Rizzo, promu par la suite au rang d’amiral, compte tenu de ses hauts faits. C’est en effet lui qui fut à l’origine des hommes-torpilles, de jeunes Siciliens regroupés dans ce qu’on a surnommé le Bataillon de la mort, qui allaient poser des mines ventouses sous la coque des navires et les faisaient exploser, une fois qu’ils s’étaient mis hors d’atteinte. Parmi tous ces bateaux envoyés par le fond, il y eut un grand cuirassé (Le Danube), stationné dans le port de Pola. Ce fut une grande victoire pour l’Italie et mon père a fait partie des marins décorés de la médaille de la valeur militaire...