"190 ans de passion littéraire"

 

Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

françoise le mer

Palémon

11,00
Conseillé par
14 mars 2023

Jules Dupuy est médecin-anesthésiste, mais il est aussi médium depuis son enfance. Il a comme autre qualité d'être le collègue de Marine Le Gwen, la fille du commissaire Le Gwen. Lorsqu'une jeune femme assassinée -seuls les morts entrent en communication avec lui- le supplie de retrouvée sa sœur qui a été enlevée, il s'en ouvre à Marine, puis au commissaire. D'abord sceptique, celui-ci se laisse convaincre par quelques révélations du médium et par son opiniâtreté.

Mais aucune disparition n'est signalée et les quelques indications de Jules Dupuy ne sont pas très précises. Une course contre la montre débute alors.

Esprits cartésiens, ne fuyez pas, j'aurais tendance à sourire moi aussi, mais ce roman qui flirte -voire plus- avec l'ésotérisme est très agréable et a le mérite de parler librement et sans vouloir convaincre qui que ce soit de la médiumnité. Ce don est certes un point important du livre qui aborde également la prostitution adolescente. Et comme dans les tomes précédents de cette série avec le commissaire Le Gwen et les lieutenants Michel Le Fur et Marisol Geoffroy, iceux s'effacent au profit de Jules Dupuy et surtout des victimes même si c'est évidemment leur travail largement aidé par les contacts du médium avec les morts, qui permettra de résoudre les affaires.

Françoise Le Mer parle de sujets graves et difficiles, décrit joliment la Bretagne (maintenant, j'ai très envie de visiter Dinan) et construit des intrigues prenantes et des personnages attachants. Pas tous, évidemment, les plus retors ne sont pas particulièrement sympathiques. Le tout donne de bons roman policiers, bien construits, équilibrés, avec des héros et des décors que l'on aime retrouver, qui se lisent avec beaucoup de plaisir, sans temps mort.

Conseillé par
14 mars 2023

Alors qu'Anne Desbarèdes accompagne son fils à son cours de piano chez Mademoiselle Giraud et qu'il ne parvient toujours pas à mémoriser la signification de moderato cantabile (modéré et chantant), une série de cris retentit, qui provient du café d'en bas. Une femme y a été assassinée par son amant. Les jours suivants, Anne Desbarèdes ne peut s'empêcher de retourner dans ce café. Elle, la femme riche, l'épouse du directeur des fonderies y rencontre Chauvin, un ancien employé de son mari. Ils s'isolent dans le bar, boivent du vin et parlent, pendant que l'enfant joue sur les quais.

C'est un très court roman de Marguerite Duras que je pensais avoir lu il y a longtemps, et, à peine ouvert, je me suis aperçu que non. De fait, j'ai peu lu Duras. Et je (re)découvre une écriture très particulière, assez peu descriptive, on ne saura presque rien des lieux ni des physiques des personnages, elliptique, tout est dans le non-dit, notamment les questions d'Anne Desbarèdes : pourquoi ne peut-elle s'empêcher de revenir voir Chauvin dans ce café ? L'aime-t-elle ? S'ennuie-t-elle dans sa vie pour qu'elle éprouve ce besoin vital de le rejoindre, boire et parler ? Quel lien avec cette femme assassinée par son amant dans le lieu ?

Marguerite Duras évoque, fait parler ses personnages, ne donne pas de réponse définitive ni précise, c'est à nous lecteurs de les trouver. C'est un genre de romans que j'aime bien, à la condition qu'il ne s’éternise point trop, car il pourrait vite devenir long, ce qui n'est pas le cas ici (120 pages dans sa forme poche). Il y a un côté ennuyeux et fascinant : on ne sait pas très bien pourquoi on aime, mais on ne peut s'en détacher. Un roman de l'attente avec une femme perdue seulement attachée à son fils qui ne vit que par lui "Si vous saviez tout le bonheur qu'on leur veut, comme si c'était possible. Peut-être vaudrait-il mieux parfois que l'on nous en sépare. Je n'arrive pas à me faire une raison de cet enfant." (p.33) et se pose des questions existentielles et seul son amant putatif ou potentiel lui permet d'avancer et d'y répondre.

Une enquête de Max Mingus

Folio

10,40
Conseillé par
14 mars 2023

Troisième et ultime tome des aventures de Max Mingus, après l'excellent Tonton Clarinette et le décevant Voodoo Land. Ce Cuba Libre est entre les deux et nettement plus proche de Tonton Clarinette que de l'autre. J'évoque tout de suite les choses qui m'ont déplu et je pourrai dire ensuite tout le bien que je pense de ce polar. Tout d'abord, il est un peu long et la cavale de Max obligé de quitter La Havane avec Benny, un prostitué est très longue, trop longue. Dans cette même partie, on ajoute que Benny parle -beaucoup- avec l'accent cubain censément reproduit par des mots mal orthographiés qui alourdissent le texte et la lecture ("Qui est le Noir qui est mort ? Il ont dit qué loui esse exilio americano"), et beaucoup de propos sont tenus et écrits en espagnol sans traduction... dur pour un lecteur qui a fait allemand en seconde langue.

Ceci dit, je retrouve tout ce qui m'avait plu dans le premier tome : Max Mingus semble à la dérive et ne comprend pas tout ce qui se passe, il est plongé dans un monde qui n'est pas le sien. Lui le type qui a toujours vécu à Miami se retrouve à Cuba, dans un pays pauvre, avec des gens en grande difficultés. Peu de voitures ou des épaves, du marché noir, des logements et des hôpitaux insalubres, de la prostitution... Une police omniprésente ce qui n'arrange pas le travail de Max. Et Haïti qui le hante toujours, qui est en lui depuis Tonton Clarinette et présente dans le livre, avec ses rituels vaudous eux-aussi présents tout au long de la trilogie.

Puis Max ne parvient pas à relier la mort de Joe avec sa recherche de Vanetta Brown et ce qu'il trouve à Cuba l'embrouille encore davantage. Bref, le mélange de tout cela donne un polar particulièrement réussi, avec un personnage principal et un contexte marquants, de ceux que l'on conseille et prête : mon exemplaire de Tonton Clarinette est revenu à la maison après quelques années d'errance ici ou là...

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14 mars 2023

Ed Fisher est un vieil homme qui sauve une jeune femme d'une attaque brutale dans laquelle son père et son frère sont morts. La nuit, en se préparant à affronter le reste de la bande d'agresseurs, Ed Fisher raconte sa vie à Mary. Et sa vie, c'est celle de la conquête de l'Ouest. Repousser toujours plus loin les habitants d'origine, les différentes tribus d'Indiens. Pour cela, tuer leur source de nourriture, les troupeaux de bisons et soudoyer les chefs à coup d'alcools ou perpétrer des massacres contre ceux qu'ils soupçonnent de se rebeller en tuant hommes, femmes et enfants.

C'est toute l'histoire des États-Unis au XIX° siècle que raconte et dessine Tiburce Oger : violence, conquête, guerre civile, naissance des grosses fortunes... C'est aussi de cette partie que s'empareront les scénaristes d’Hollywood pour forger la stature du cow-boy, longtemps montré comme le libérateur et le civilisé, mythe que le bédéiste met en pièces comme il a pu l'être dans certains films d'Hollywood après la grande période des westerns dits classiques. C'est un bel album assez violent comme l'histoire ou les histoires qu'il narre.

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14 mars 2023

Très bien ce roman policier, bien qu'un peu long sur la fin lorsque chaque intervenant redonne son avis et explique à sa sauce les événements passés, ce qui fait très répétitif. Mais bon, je ne boude pas le plaisir que j'ai pris à suivre cette partie d'échecs entre le meurtrier et la flicque. Chacun avance ses pièces en pensant tuer le jeu, mais ils sont tous les deux coriaces et joueurs.

La prouesse de Bruno Dinant est de nous rendre le meurtrier sympathique, au moins au début, et d'avoir presque envie de le voir se sortir de cette situation dans laquelle il s'est mis tout seul. Parfois, je me raisonnais et me disais que je ne pouvais pas éprouver ce genre de chose pour ce gars qui a tué au hasard. Et puis, je lui trouvai plein de circonstances excusantes notamment le profil de la victime et cette envie de jouer au plus fin avec la police. Le principe n'est pas nouveau, c'est celui-ci qu'ont exploité les créateurs et scénaristes de Columbo, mais l'auteur a rajouté une relation de séduction-répulsion entre les deux protagonistes et du décalage, de l'humour noir fort bienvenus. Parfois dans les situations qui ne tournent comme le souhaite Patrick Delvaux, parfois dans les dialogues ou expressions, dans la tournure des phrases.

Et puis, le tout est bien mené et même si l'on connaît le coupable, ses motivations -c'est lui le narrateur à la première personne-, on n'est pas à l'abri de surprises et rebondissements, car on ne sait pas comment agit Andréa Dumont, l'inspectrice. Et elle est fine, acérée, joueuse et redoutable. A peine 400 pages de coups bas, de coups durs pour que le lecteur ne relâche jamais son attention, jusqu'au bout du bout.