Roman approprié pour une lecture de détente et d'évasion, particulièrement si vous êtes amateur d'art moderne et d'une ambiance de roman-feuilleton.
Ce récit n'essaie pas d'en mettre plein la vue par son style mais déploie un univers très inventif où l'on croise Picasso, Modigliani, Aleister Crowley ou encore George Braque, à la poursuite d'une peinture si visionnaire qu'elle change en pierre ceux qui la regardent.
Un voyage à la croisée du Paris de la Première Guerre mondiale et des imageries occultes et fantastiques en vogue dans l'Angleterre du XIXème et dans les récits de Dante, Lovecraft et Viliers de l'Isle-Adam.

LAKE SUCCESS est une réécriture satirique du "Great American Novel" tel qu'on peut souvent le retrouver chez l'Olivier ou Gallmeister.
Alors qu'en 2016 l'Amérique opère un revirement culturel majeur, Barry Cohen, représentant typique de la caste ultra-riche new-yorkaise, se la joue Kerouac et plaque tout pour courir les routes du pays à la recherche d'un amour de jeunesse. Derrière lui, il laisse sa femme qui doit se débrouiller seule avec son fils autiste.
On ne s'attend pas à s'attacher à ce protagoniste égoïste, imbu de lui-même et irresponsable, et pourtant ! Ses efforts désespérés pour atteindre une illumination imaginaire, sa quête de soi pétrie de ridicule et son autisme non diagnostiqué en font un personnage complexe et passionnant malgré la tonalité caustique du récit.
Un très beau texte sur le malaise américain qui sévit aujourd'hui.

Ce gros roman est une épopée du quotidien dans une Amérique alternative où des créatures artificielles, les Curios, ont remplacé les smartphones au rang de révolution technologique et sociale.
En plus de cette curiosité, le protagoniste Belt Magnet, diagnostiqué psychotique, entame des conversations plus ou moins unilatérales avec des objets dotés d'une âme, les inans. Commencent les mémoires d'un écrivain raté, angoissé mais on ne peut plut sympathiques qui euthanasie des balançoires et jongle entre un père histrionique et une amitié de jeunesse pesante avec une superstar de télé-réalité.
Un roman drôle et punk sur une Amérique des suburbs totalement déjantée.

Drago Jancar est le plus grand écrivain slovène vivant, déjà établi en France avec les solides traductions d'Andrée Lück-Gaye chez Libretto.
Cette année, Phébus publie l'un de ses premiers romans, Galjot ("Galère") paru en 1978. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le jeune Jancar était déjà un écrivain de premier ordre. Ce roman d'aventures dans la Slovénie du XVIème siècle, maculé de sang, de boue et de sueur froide, dépeint les mésaventures de Johan Ot, anti-héros rebelle et torturé aux prises avec l'Inquisition, le Saint Empire romain germanique et de mystérieuses sectes hérétiques souterraines.
Incontournable si vous êtes attiré par la virtuosité stylistique, l'onirisme et les ambiances obscures.

Qu’on ne s’étonne pas quand l’écrivain roumain obtiendra le prix Nobel !
Avec ce pavé unique en son genre, il convoque Kafka, Joyce, Lautréamont ainsi que tout son imaginaire irrigué de rêves obscurs et de science-fiction pour écrire un texte majeur.
Dans la Bucarest de Ceaucescu, notre narrateur vit l'existence d'une version alternative de l'auteur, celle d'une carrière littéraire avortée. Professeur des écoles neurasthénique, en rupture totale avec son entourage, il partage dans son journal une vie intérieure foisonnante, rythmée par des rêves fantastiques et des expériences surnaturelles.
Le récit, bourrée de digressions et de considérations métaphysiques, est parcouru de symboles et de connexions étranges qui laissent envisager une pantomime de la réalité, la recherche vaine d'une organisation, d'un complot qui régit le quotidien morne d'une ville désespérée.
Cette lecture peut se montrer exigeante tant elle s'éparpille dans des directions inattendues, mais la récompense est à la hauteur de nos efforts !