"190 ans de passion littéraire"

 

Am Fred B.

Hannah ARENDT

Éditions Allia

3,20
Conseillé par
1 mai 2023

Être un réfugié, est-ce encore être soi-même ?

" Nous avons perdu notre foyer (...). Nous avons perdu notre travail (...). Nous avons perdu notre langue (...). Nous avons abandonné nos parents (...), ce qui signifie que notre vie privée a été brisée." Réfugiée à New-York, la philosophe rédige en anglais un article sur la situation des juifs fuyant le nazisme. Quels sont les devoirs du bon immigré ? Rester optimiste, oublier son passé, ne pas faire mention des problèmes, devenir un bon patriote dans son nouveau pays, accepter le déclassement, changer d'identité, rester positif, s'adapter, s'effacer. Échappant à des lieux faits "pour crever", il faut bien faire un choix entre disparaître sous le masque de l'assimilation ou dans un suicide libérateur. Hannah Arendt rappelle que les réfugiés "ne sont que des êtres humains", liés aux autres nations, dont le principe civilisateur appelle à protéger les plus faibles d'entre eux. Anne-Marie

Robert-Louis STEVENSON

Éditions Allia

6,50
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1 mai 2023

Eloge de la paresse - et de l'amitié !

"Si l'on ne peut être heureux qu'en étant oisif, restons oisif." Dans ces trois courts essais sur l'oisiveté et le bavardage, Stevenson s'amuse à défendre avec sérieux les vertus paradoxales de ces conduites jugées immorales en société. Où il démontre la sagesse des paresseux, le devoir d'être heureux, les bienfaits de l'amitié, la supériorité des vieillards et des femmes dans l'art de l'écoute et de la répartie, les vertus de la parole échangée, si imparfaite soit-elle. "La véritable conversation, qui ranime la meilleure part de nous-mêmes, trop souvent éteinte, ne survient qu'avec nos âmes sœurs ; elle est ancrée aussi profondément que l'amour dans la constitution de notre être, et il faut la savourer avec toute notre énergie, tant que nous en avons, et en être à jamais reconnaissants." Anne-Marie

Conseillé par
28 avril 2023

Tragédie rurale

Algues vertes, suicides d’agriculteurs, nappes contaminées, vidéos clandestines d’abattoirs, monocultures à l’infini parsemées de hangars gigantesques… Qui n’a pas ces images en tête ?
Nicolas Legendre remet de l’ordre dans ce kaléidoscope. Ses atouts : fils d’éleveurs bretons, rennais, ce correspondant du Monde spécialiste des questions agricoles a enquêté pendant sept ans. Il retrace très bien l’histoire d’une formidable rupture : l’avènement de l’agriculture productiviste de l’après-guerre. Mais le beau projet de « nourrir la France » s’est mué en un empire agro-industriel tentaculaire. La Bretagne est en effet l’une des principales régions agricoles d’Europe en termes d’emplois et de retombées économiques. Les chiffres donnent le tournis : investissements et chiffres d’affaires, tonnages de céréales, hectares, litres de pesticides…
Loin de l’image d’Épinal, c’est un système mortifère et absurde par bien des aspects que dévoilent les témoignages, anonymes ou non : « omerta », « mafia », « esclavage » ou « féodalité » reviennent souvent. Le tableau est sombre. Pourtant l’auteur ne cède jamais au sensationnalisme, aux phrases-chocs : prudent et rigoureux, il propose quelques pistes pour faire évoluer ce système où se nouent (inextricablement?) les fils économiques, politiques, sanitaires.

Frédéric

7,00
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28 avril 2023

"P.l.u.t.ô.t. C.r.e.v.e.r. " que le dégoût

A la mort de son père, la narratrice finit de liquider tout ce qui fait obstacle à sa liberté : la propriété, la famille, l'enfance. En haine de tout ce qui pèse sur nos vies lamentables, elle jette, balance, pulvérise tout : la bourgeoisie et ses mensonges, la justice des riches, la médiocrité. Elle allège son corps jusqu'à l'épure, trace un chemin de poussière et de vérité. La beauté de sa mère, la folie de sa mère, la drogue. L'élégance de son père dans la fuite. Récit d'une fabrique de héros dans un monde en cendres. "Nager, écrire, l'amour, c'est des techniques pour faire exister des choses et faire disparaître le reste."

Anne-Marie

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25 mars 2023

« La parole est une aile du silence »

Cent sonnets ? Il pourrait y en avoir deux cents. En quatorze vers, Pablo Neruda dit et redit, inlassablement, son amour absolu pour une femme : Mathilde Urrutia, chilienne du sud rencontrée en 1952, et qui sera sa compagne de vingt ans. L’écriture magnifique de Neruda, comme un creuset, semble fondre de multiples influences : le goût de l’éloge amoureux, du blason du corps féminin, peut rappeler nos poètes de la Renaissance. On retrouvera des tourments et des paradoxes très baroques, et aussi les images étranges et fantasques du surréalisme, le lyrisme d’Aragon, l’amour fou et la simplicité d’ Éluard peut-être. Sensuelle, traversée par les vents, les vagues, les oiseaux, faisant surgir des astres et des arbres, sa poésie est constamment incarnée dans les lieux et les saisons. Une sorte de paysage de l’amour se dessine peu à peu.
Cent bijoux somptueux, cent miracles renouvelés.
Frédéric