"190 ans de passion littéraire"

 

  • Conseillé par
    7 juillet 2015

    Rachel Corenblit - son mot préféré : « Balagan »

    BALAGAN a plusieurs significations
    en yiddish : ça signifie pagaille, foire, désordre
    en russe, c'est une cabane de bois d'été...
    L'été et le désordre...

    (Contenu publié avec la collaboration du site www.lesmotsdeslivres.fr)


  • Conseillé par
    3 avril 2015

    Lucie a quitté Pascal il y a trois ans et depuis elle cherche l'homme de sa vie. Cette institutrice, jeune quarantenaire, se lance à la recherche de sa moitié. Au mariage d'une petite cousine (méthode testée depuis de longues générations) où les célibataires sont comme par hasard placés à la même table, de l'émission télé où elle se pâme pour un agriculteur (même si elle déteste la campagne), du site de rencontres au voyage à l'étranger pour célibataires, du supermarché (après tout, les hommes célibataires doivent se nourrir tout comme elle) jusqu'à la piscine, elle poursuit sa quête !

    Rien ne lui échappe chez l'individu masculin car elle a ses exigences. Et si Lucie pointe facilement les défauts des autres, le siens ne sont pas épargnés. Sa solitude, son amertume sont également présentes "Etre seule , par moments, c'est du désespoir. (...) Pourquoi c'est toujours aux autres qu'il arrive des histoires? Pourquoi elle est un désert, un bout du monde, un no man's land que personne ne traverse ?. Mais Lucie a du punch à revendre.

    Sans tomber dans les excès, Rachel Corenblit use d'humour, de dérision et de cynisme. Et ça fonctionne à merveille !
    Un roman avec un regard acéré et aiguisé sur notre société et la solitude...


  • Conseillé par
    17 mars 2015

    Quand la solitude vous sèche sur pied...

    La couverture illustre bien la quête de Lucie, jeune quadragénaire : trouver chaussure à son pied ! Les couleurs vives, la chaussette rose à fleur, les deux "looks" décalés et drôles semblent annoncer un roman à ranger sur l'étagère chick-lit de votre bibliothèque. "L'habit ne fait pas le moine", la chaussure encore moins ! Rachel Corenblit nous présente un tableau très sombre de la solitude dans notre société contemporaine.

    Le roman s'ouvre sur des portraits, juste des esquisses mais très détaillées d'hommes lors de l'exercice périlleux du speed dating. Ils sont vus au travers du regard de Lucie et elle porte sur eux des jugements sévères, sans aucune indulgence.

    " Celui qui a des mocassins. En cuir retourné. Avec des pompons."

    " Celui qui termine chacune de ses phrases par : c'est clair. C'est clair. Et elle lui explique que sa vie n'est pas simple et que son travail lui prend du temps et que ce n'est pas facile, de faire confiance, d'entamer une relation et il répète : c'est clair..."

    Lucie vit seule depuis trois ans, elle a quitté Pascal, son compagnon de longue date car elle en était venue à haïr tout ce qu'elle aimait chez lui au début. Elle habite dans un petit appartement à peine meublé et consacre beaucoup de temps à son métier de professeur des écoles. Du temps, il lui en reste pourtant beaucoup et il lui permet de se lancer dans la recherche de l'homme de sa vie. Rachel Corenblit ne lui épargne rien, ne nous épargne rien : notre coeur solitaire fait chou blanc au mariage d'une lointaine cousine, ne trouve pas sa future moitié sur son lieu de travail ni parmi les parents d'élèves, ne parvient pas à renouer une relation avec un ancien copain de fac. Elle ne baisse pas les bras, s'inscrit sur un site de rencontres, envisage de participer à "L'amour est dans le pré", participe à un voyage en Tunisie pour célibataires mais en vain...

    Le problème vient-il des hommes sur lesquels elle ne sait plus poser que des mots durs, âpres, violents ? Le problème vient-il d'elle que la solitude fait sécher sur pied et qui envisage l'achat d'un poisson rouge pour lui tenir compagnie ?L'auteur nous fait partager les doutes de son héroïne sur l'existence d'un homme idéal, la colère qui l'envahit quand elle repense à son ex, l'amertume qui la submerge parfois et la solitude dans laquelle elle se noie.

    Le style est à l'image de Lucie : précis, sec, coupant, cassant. Il montre sa souffrance et les dégâts opérés par sa situation. Un homme, devant sa moue dédaigneuse face à son physique quelconque, ose lui dire ce qu'elle est devenue : "Tu es froide. Tu es laide. Et tu fais peur. " Les quelques phrases prononcées ce soir-là l'incitent peut-être à moins de sévérité, à rentrer de nouveau dans la danse, même si l'homme qu'elle va choisir lui marche un peu sur les pieds et n'épouse pas parfaitement le rythme de son corps.

    Le roman de Rachel Corenblit est "rugueux", il nous rappelle que notre société hyperconnectée n'a jamais connu un tel nombre de personnes vivant seules : " Ultra Moderne Solitude" chanterait Alain Souchon.