"190 ans de passion littéraire"

 

Le Tombeau de la cigale, Figures de l’écriture et de la lecture en Grèce ancienne
EAN13
9782251915975
Éditeur
Les Belles Lettres
Date de publication
Collection
Les Belles Lettres / essais
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Le Tombeau de la cigale

Figures de l’écriture et de la lecture en Grèce ancienne

Les Belles Lettres

Les Belles Lettres / essais

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782251915975
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    17.99

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« Je suis ton ticket de caisse. Garde-moi », lisait-on sur les reçus des
magasins IKEA. Si cette formule fait appel à une espèce de complicité, voire
intimité entre vendeur et client, elle s’inspire sans doute du premier
chapitre d’Alice aux pays des merveilles, où Alice trouve la célèbre bouteille
marquée « DRINK ME ». Voilà un clin d’oeil au père d’Alice, Henry Liddell,
l’un des auteurs du Liddell-Scott-Jones, A Greek-English Lexicon (1843), car
les premières inscriptions grecques partagent souvent avec l’étiquette de la
bouteille leur mode d’énonciation : ce sont les inscriptions sur des objets
qu’on a longuement désignés par l’expression « objets parlants », — uniquement
à cause de leur emploi de la première personne « je ». Le livre de Svenbro
revient à ce « je écrit » et à la critique de sa désignation trompeuse,
rouvrant le débat opposant jadis Derrida à Husserl. En guise de point de
départ, il étudie les verbes grecs signifiant « lire », qui s’avèrent
cependant porteurs d’implications étrangères à nous Modernes par leur
enracinement dans une situation de lecture profondément autre, qualifiable de
« distribution orale (aurale) » destinée aux auditeurs du texte. Pour notre
plus grand étonnement, nous qui sommes habitués à la lecture silencieuse, la
lecture à voix haute devient ici la clé pour l’interprétation d’une série
d’allégories de la lecture telles que le voyage linéaire en char, le viol du
lecteur-éromène par le scripteuréraste, la statuette de bronze, le « remède
pour la tête » dans le Charmide et la cigale très « vocale » libérée de la
toile d’araignée du texte par le lecteur… Ces développements aboutissent à la
nette distinction lexicale entre grammata et stoikheia, maintenue par les
Grecs pendant un millénaire mais négligée par les Modernes qui préfèrent
traduire indistinctement ces deux termes par « lettres », neutralisant par-là
l’originalité du lire des Anciens.
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