"190 ans de passion littéraire"

 

La veste de fer, Revue panafricaine des sciences juridiques comparées
EAN13
9782370152190
Éditeur
Coédition NENA/Éditions Clé
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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La veste de fer

Revue panafricaine des sciences juridiques comparées

Coédition NENA/Éditions Clé

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782370152190
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    3.99
**Extrait**

**(Le th eatre c'est la concession d'Engoulou. Lumiere sur le maitre des lieux
enveloppe dans un vieux tissu de coton)

ENGOULOU**
Mais qu'est-ce que c'est encore que ce froid qui me glace les os ? Et tous les
matins, c'est pareil. J'ai toutes les peines du monde a remuer ma vieille
carcasse. Ah, ce rhumatisme !

(Il appelle)

Youssa ! Youssa !

**VOIX DE YOUSSA**
Oooo eeee !

**ENGOULOU**
Attends-tu que je sois comme un bloc de glace pour m 'apporter ma « veste de
fer » ? (Il rit) Et ces gendarmes qui voudraient nous interdire l'essentiel de
la vie-meme ! Ils sont fous, ces gendarmes... Mais qu'est-ce qu'elle peut
faire encore quand je lui demande ma bouteille. Youssa ! Qu'est-ce qui se
passe, Youssa ? Bientot, il va arriver du monde. On dirait que tu tiens a ce
que tout le village soit au courant...

**YOUSSA**
J 'arrive. Un peu de patience. Je voudrais tout apporter a la fois.

**ENGOULOU**
Quoi, tout apporter a la fois ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Le liquide se
serait-il repandu dans toute la case pour que tu prennes tant de temps ? Je
vais mourir, et par ta faute. Si j'etais sur des sables mouvants a t'attendre,
je me serais deja enlise jusqu'au cou.

**YOUSSA**
Jusqu 'au cou, seulement ! II te resterait encore le trou de la boisson !

**ENGOULOU**
Je n 'ai que faire de tes reflexions, monstre engendre par tous les diables !

**YOUSSA**
Tiens, la voil a, ta bouteille; oui, ta « veste de fer », comme tu dis. Et
cesse de me casser les oreilles.

**ENGOULOU**
Combien de fois devrais-je te r epeter que meme si je suis seul, tu dois agir
avec la plus grande discretion ?

**YOUSSA**
Quoi, discr etion ?

**ENGOULOU**
Qu 'est-ce que ça te coute de dissimuler la bouteille sous une vieille etoffe
ou sous le pan de ta robe ? Non, toi, tu es pour les exhibitions. Quand il y a
des gens, c'est pareil. Comment veux-tu qu'ils partent ensuite ? Ils restent
jusqu'a la derniere goutte, et moi, je me retrouve sans rien.

**YOUSSA**
Tu ne peux donc pas te contenter de tout ce que je mets en r eserve pour toi ?
Si j'agissais comme tu me le demandes, on me montrerait du doigt. N'attends
pas de ma part des bassesses pareilles, egoiste. Comme si tu n'etais pas un
grand planteur, un personnage respecte, l'adjoint au chef de ce village !
Comme si tu n'avais pas les moyens de souler tous les jours tous les ivrognes
du pays !

**ENGOULOU**
Tu me casses les oreilles !

**YOUSSA**
On dirait que tu ignores la mani ere dont on est reçu chez la femme du chef.
Pourquoi elle et pas moi ?

**ENGOULOU**
Tes d emonstrations ne visent donc qu'a concurrencer la premiere dame de ce
village ?

**YOUSSA**
Je ne veux concurrencer personne; surtout pas elle. Son mari la couvre d
'eloges du matin au soir, tandis que moi, je ne suis pas plus appreciee qu'un
vieux balai !

**ENGOULOU**
Tu me fais toujours attendre.

**YOUSSA**
Je ne pouvais tout de m eme pas tout lacher - mes oeufs, mes victuailles -
rien que pour t'apporter ton arki !

**ENGOULOU**
Qu 'est-ce que je disais... Le probleme, c'est ton « rien que ». Il te
transforme le coeur en bloc de pierres.

**YOUSSA**
(Elle explose)
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