"190 ans de passion littéraire"

 

Plein la vie...
EAN13
9782909797779
ISBN
978-2-909797-77-9
Éditeur
Éditions Créer
Date de publication
Collection
FORUM
Nombre de pages
192
Dimensions
24 x 16,5 x 1,8 cm
Poids
400 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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On a reçu d'eux une carte de Suez, griffonnée à la hâte et puis plus rien. Pour nous la lutte contre la sale guerre continuait on se battait pour faire libérer Henri Martin, Raymond Dien. Pendant huit jours j'ai bu le bouillon avec une petite cuillère, ma mère a dit que j'allais la rendre folle, d'autant plus qu'avec Jacques on s'était mis à jouer au rugby, ce qui la désespérait un peu plus. Deux ou trois fois par semaine il y avait séance de barbouillage à la peinture blanche et au goudrons sur les routes et les murs, on inscrivait : « Paix au Vietnam »; « Libérer Henri Martin ! » Plus tard ce sera : « Paix en Algérie ! » Il fallait faire la course avec les flics et ils nous pistaient mais on avait une technique très au point pour ne pas être pris. Une seule fois je passerai avec mes copains une partie de la nuit au commissariat. C'est dire que j'avais un emploi de temps bien rempli, d'autant plus que bon gré mal-gré, il restait les corvées du jardinage avec mon père et que je m'essayais, sans grand succès, à prendre des cours de danse chez la mère Donveau. Je lisais beaucoup. Nous avions à cette époque toute une littérature soviétique pas chère et qui exaltait la Révolution, la Résistance et la lutte héroïque contre les nazis, et la vie en général bien sûr dans les pays socialistes. C'était ma nourriture essentielle de l'esprit. C'était mon modèle et cela me fortifiait dans ma volonté de construire un monde ou tous serions heureux avec comme preuve ce qu'ils avaient fait eux. À cette époque aussi j'ai lu beaucoup Zola, presque en entier. Quelques Victor Hugo, mais je crois qu'au fond, quel que soit le livre, c'était toujours la même nourriture. On s'amusait aussi, chaque été autour de l'UJRF, on organisait entre équipe de quartier un tournoi de volley-ball sur les places. C'est ainsi que parti chercher deux filles de notre équipe en retard, j'intimais à l'un d'elle l'ordre de monter en vitesse sur mon porte bagage, sans savoir que ce serait la femme de ma vie. Comme quoi il n'y a pas de méthode infaillible dans ce genre de rencontre.
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