L'automédication ou les mirages de l'autonomie

L’automédication se pose aujourd’hui à l’intersection des discours, en partie antagoniques, des pouvoirs publics et des professionnels de santé, et fait question pour le malade qui doit adopter un nouveau comportement. Dans ce contexte, à quelles conditions l’usager décide-t-il, aujourd’hui, de s’automédiquer.

Quels sont les ressorts de ses décisions en matière de consommation médicamenteuse ? Les données ont été recueillies au moyen d’une enquête qualitative réalisée auprès d'usagers de l’automédication. S’y est ajoutée une analyse de la controverse sur le libre accès aux médicaments telle qu’elle s'exprime dans l’espace public.

L’ouvrage met en lumière les dimensions matérielles, cognitives, symboliques et politiques du recours à l’automédication. Il révèle qu’elle n’est pas seulement une pratique réalisée dans des situations bénignes, et qu’elle est parfois une façon de contourner le médecin lorsque l’usager nourrit des doutes à l’égard de ses compétences. Mais jusqu’où le patient peut-il se voir laisser la liberté d’agir sans le médecin, c'est-à-dire d'une manière qui soit émancipée de l’autorité médicale? L’ouvrage examine le traitement social de l’autonomie dans le champ de l’automédication, en vue de cerner ses conditions et ses limites au sein d’un processus d’« auto-médicalisation ».

Sylvie Fainzang, anthropologue, est directrice de recherche à l’INSERM, et membre du Cermes3 (Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société). Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les représentations et les pratiques sociales relatives au corps et à la maladie, notamment d’une Ethnologie des anciens alcooliques, la liberté ou la mort (PUF, 1996), de Médicaments et société. Le patient, le médecin et l’ordonnance (PUF, 2001) et de La relation médecins-malades : information et mensonge (PUF, 2006).