"190 ans de passion littéraire"

 

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3 septembre 2013

Pour les amateurs de Downton Abbey !

En 1913, George Sawle accueille son camarade d'université, l'aristocrate poète Cecil Valance, dans sa propriété familiale des " Deux arpents ". Lors de ce séjour, les deux hommes batifolent " à la manière d'Oxford ", souvent espionnés par Daphné, la soeur cadette de George, tombée elle-aussi sous le charme de Cecil. Très conscient de son pouvoir de séduction, ce dernier va alors également flirter secrètement avec la très jeune fille avant de lui dédier un long poème " Les deux arpents " qui deviendra l'une de ses oeuvres les plus célèbres. À partir de cette scène initiale, Alan Hollinghurst (lauréat du Booker prize en 2004 pour " La ligne de beauté "), bâtit sur plus de 700 pages une fresque qui entraîne le lecteur au long du siècle, à la découverte des coulisses de ce fameux week-end. Qui était vraiment Cecil Valance? Pourquoi Daphné Sawle s'est-elle ensuite mariée trois fois? Qu'est devenu George?

Si vous aimez " Downton Abbey ", vous devriez apprécier ce roman dans le plus pur style anglais post-victorien. Malgré quelques longueurs, Alan Hollinghurst déroule habilement son intrigue et nous fait revivre avec talent cette époque, entre tea-time et soirées mondaines. On imagine aussi qu'il a dû prendre un certain plaisir à balader son lecteur (pas d'indications de changement d'époques par exemple) et à distiller les indices qui permettent de suivre le fil et de faire progresser l’enquête. Un jeu littéraire qui nous réjouit d'autant plus que le suspense est enrichi par une belle galerie de portraits, parfaitement croqués.

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3 septembre 2013

Pas de gras dans ce roman, juste du muscle !

On vous dit : un thriller de 98 pages, vous y croyez ? On vous dit : il y aura des cascades, des gros calibres, des filatures et des hamburgers gobés à même leur sachet en papier brun, mais _aussi_ des sentiments, les réminiscences d’une enfance sacrifiée, l’ébauche d’amours perdues… Vous haussez les sourcils ? Et alors, si on précise que c’est une réussite totale, que vous allez frissonner, pleurer et sursauter comme devant un film, vous pensez qu’on pousse le bouchon, pas vrai ? Vous avez raison, « Tu n’as jamais été vraiment là » est le genre de romans qu’il faut lire pour le croire. Ce n’est pourtant pas la première fois que Jonathan Ames nous étonne. Ce dandy excentrique a passé sa vie à New York et c’est écrit sur son front. Moitié-Woody Allen et moitié-James Gray (le réalisateur de « Two Lovers » et « La nuit nous appartient »), Ames a trempé sa plume dans à peu près tout et n’importe quoi : articles de presse, nouvelles, romans pastiches, écrits autobiographiques ou scénarios de séries. Il faut dire que Monsieur a l’humour prolixe. Mais la fortune de « Tu n’as jamais été vraiment là » ne repose ni sur sa fantaisie délurée ni sur sa corrosive irrévérence : pour une fois, Ames utilise le genre du noir sans aucune arrière-pensée, si ce n’est, peut-être, la volonté de rendre hommage au maître du genre, Raymond Chandler.

Mâchoire volontaire, yeux délavés par une existence franchement pas tendre, Joe a remisé son uniforme de marines puis d’agent du FBI pour retourner vivre chez sa vieille mère dans la banlieue de New York et réfléchir sereinement au meilleur moyen de mettre fin à ses jours, une fois sa mère disparue. Histoire de contribuer aux maigres dépenses du foyer, Joe travaille comme privé. Sa spécialité : arracher des bordels les mineures prostituées. Un jour, un politicien très en vue fait appel à ses services pour retrouver sa fille de treize ans. Joe met alors le nez dans un immense réseau de corruption, dirigé par de vrais grands méchants bien décidés à le faire taire, sans hésiter pour cela à s’attaquer à la seule personne qui lui soit chère. Manque de bol pour eux, Joe n’a aucune peur de mourir, et très envie de se venger… Resserré autour de 24 heures échevelées, « Tu n’as jamais été vraiment là » est un vrai roman (et sûrement pas une longue nouvelle). Tout y est : la profondeur des personnages, l’architecture et l’ampleur narratives. Jonathan Ames démontre qu’il est diablement doué pour écrire l’horreur et le désespoir, et que son style ne perd rien de sa grâce photographique quand il se frotte aux bas-fonds de l’humanité. Et quel génie du rythme ! Le format court permet à Ames d’aller à l’essentiel. À l’image du sombre personnage sur lequel il s’arc-boute, il n’y a pas de gras dans ce roman : juste du muscle, à l’état pur.

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3 septembre 2013

Vrai roman ou fausse bio ?

Olivier, journaliste politique de quarante-cinq ans, est marié depuis dix ans à Juliette, belle femme peu sûre d'elle-même après un lointain passé traumatisant. L'équilibre familial de ce couple de bobos parisiens, peut-être trop installés, va basculer le jour ou Olivier avouera à son épouse -par téléphone- sa liaison avec Victoire, une femme politique en vue. Tout d'abord sonnée par cette annonce brutale que l'on croit toujours réservée aux autres, Juliette, ignore encore qu'elle n'est pas au bout de ses peines... Les ingrédients des histoires d'adultère sont bien souvent d'une cruelle banalité, mais le deuxième roman de Nelly Alard est particulièrement intéressant car il plonge le lecteur dans les méandres psychologiques de chacun des acteurs, et explore tout une gamme de sentiments, de la passion à la trahison

Cette liaison extra-conjugale va très vite virer au harcèlement et à une intrusion quotidienne d'une violence inouïe pour le couple. Devant cette lente " dévastation " psychologique, chacun glisse à sa façon dans une mécanique guerrière dont l'enjeu est d'accepter ou d'empêcher l'explosion de ce mariage. On étouffe parfois dans ce récit adultérin, on se dit que c'est trop glauque, que l'intrigue aurait gagné à être raccourcie, mais il est impossible de le lâcher sans en connaître le dénouement. Et il est habile ! Il se murmure dans le milieu journalisto-litteraire parisien que ce livre serait d'inspiration fortement autobiographique. Quoi qu'il en soit, sa force tient vraiment à l'analyse psychologique des sentiments, mais aussi à son intrigue, digne des meilleurs thrillers.

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20,00
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2 septembre 2013

Antigone sous les bombes

Sorj Chalandon est un ancien reporter de guerre. Le Liban, il connaît. Aujourd’hui encore, il est hanté par ce pays qu’il a vu sombrer sous ses yeux. Alors, il en a fait un roman merveilleux et troublant. En 1976, Samuel, réfugié grec à Paris, a une idée folle : monter " Antigone " d’Anouilh à Beyrouth, en pleine guerre, pour une représentation unique dans tous les sens du terme : Antigone sera palestinienne, Hémon, druze, Créon, maronite… Mais Samuel tombe malade et, six ans plus tard, c’est à son ami Georges, jeune professeur, qu’il demande de mettre en scène la pièce. D’abord réticent, Georges accepte le pari, part pour Beyrouth et se heurte de plein fouet à la violence sanglante qui règne dans la ville. Il y rencontrera des personnages à la fois courageux et pleins de contradiction, assistera à des scènes de guerre inouïes, sera témoin du massacre de Sabra et Chatila.

La guerre peut-elle rendre fou ? Comment faire pour reprendre sa vie après elle ?  C’est la question qu’à chaque instant le lecteur se pose. Car Georges, naïf et perdu, n’en sortira pas indemne. Revenu en France, dans sa famille, il ne parviendra pas à retrouver sa place de mari, de père, d’ami. Il préférera repartir, certain que son destin est ailleurs. Sorj Chalandon a évidemment mis beaucoup de lui dans cette histoire. Sa vision de la guerre, de ceux qui la font, est d’un réalisme étonnant. La vie de Georges aurait sans doute pu être la sienne. Il faut parfois bien du courage pour tourner la page. Lui, des années plus tard, a préféré raconter.

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29 août 2013

François Villon, héros de thriller

De l'existence de François Villon, nous ne savons que peu de choses sinon qu'elle oscilla entre les joyeusetés du Quartier Latin et les misères de l'errance, entre les fulgurances poétiques et la prison, avant de sombrer dans l'exil, où nous perdons sa trace. En reprenant l'histoire de cet immense poète là où elle semblait s'achever, Raphaël Jerusalmy s'inscrit dans une longue tradition d'écrivains s'étant emparé du " destin Villon " pour en construire la légende, et livre un roman passionnant, aussi riche en rebondissements qu'en cocasses péripéties.

En voyant l'ecclésiastique pénétrer dans sa cellule, Villon s'attendait bien davantage à recevoir les derniers sacrements avant son exécution qu'à se voir confier une mission de la plus haute importance, émanant de Louis XI en personne et visant à asseoir son pouvoir face à l'influence du Vatican, devenue intolérable. Pour ce faire, le roi entend user d'une invention toute récente en laquelle il voit une arme fabuleuse : l'imprimerie. Car, contrairement au moine copiste, l'imprimeur n'est pas assujetti à l'autorité de l'Eglise et est donc susceptible de se vendre à qui le paie. Ainsi, accompagné de Maître Colin, son acolyte de toujours, coquillard émérite, Villon part à la rencontre de Johann Fust, imprimeur à Mayence, dans le but de le persuader de s'installer à Paris. Ce n'est que le début d'un long périple qui le mènera en Terre Sainte, des geôles de l'émir de Nazareth aux bas-fonds d'une Jérusalem envoûtante et dangereuse, au cœur d'un vaste jeu d'alliances mêlant la famille Médicis à une mystérieuse confrérie juive de chasseurs de livres...

A mi-chemin entre récit d'aventures et thriller historique prenant parfois la tournure d'une farce, ce roman enlevé ne ménage pas son lecteur tant son intrigue est imprévisible. Diplômé de l'ENS et de la Sorbonne, désormais marchand de livres ancien à Tel-Aviv après une carrière au sein des renseignements militaires israéliens, Raphaël Jerusalmy rend également hommage dans la " Confrérie " aux pouvoirs de l'objet livre et à son histoire, indissociable de l'invention de l'imprimerie et aussi mouvementée que les tribulations de Messire Villon.

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